Avec 43,85 trillions de yuans (5,98 trillions d’euros) de commerce extérieur en 2024, la Chine a enregistré une performance record, portée par des exportations robustes (+7,1 %). Cependant, des tensions commerciales croissantes avec les États-Unis et une demande intérieure faible suscitent des inquiétudes. L’excédent commercial, qui frôle 1 trillion de dollars, pourrait devenir un point de friction majeur dans les relations sino-américaines.
Des exportations technologiques en forte croissance.
Les exportations chinoises ont atteint 25,45 trillions de yuans (environ 3,47 trillions d’euros), grâce à une progression spectaculaire des produits à haute valeur ajoutée. Les ventes à l’étranger de véhicules électriques ont augmenté de 13,1 %, celles d’imprimantes 3D de 32,8 %, et les robots industriels affichent une hausse impressionnante de 45,2 %. Ces chiffres confirment la montée en gamme de la Chine dans les secteurs technologiques.
Selon Wang Lingjun, vice-directeur de l’Administration générale des douanes : « La Chine s’impose désormais comme un acteur clé dans l’innovation technologique mondiale, dépassant son rôle traditionnel de fournisseur de produits à faible coût. »
Malgré cet essor, les importations n’ont progressé que de 2,3 %, atteignant 18,39 trillions de yuans (environ 2,51 trillions d’euros). Cette croissance modeste reflète une consommation intérieure en demi-teinte et des prix des matières premières globalement faibles.
Washington-Pékin : un bras de fer commercial en perspective.
Le retour de Donald Trump sur la scène politique américaine ravive les tensions commerciales. L’ancien président a promis d’imposer de nouveaux droits de douane allant jusqu’à 60 % sur certains produits chinois. Cette menace a incité les import ateurs américains à accélérer leurs commandes en fin d’année 2024, contribuant à une augmentation spectaculaire des exportations chinoises en décembre (+10,7 % par rapport à l’année précédente).
Pour se préparer à une éventuelle escalade, Pékin a annoncé des mesures de rétorsion potentielle, telles que des enquêtes ciblées sur les entreprises américaines implantées en Chine ou des restrictions sur l’exportation de matériaux critiques comme le lithium et les terres rares. En parallèle, la Chine cherche à maintenir un dialogue constructif. Dans un article du People’s Daily, les autorités ont souligné les avantages d’une coopération bilatérale, citant Tesla comme exemple. Les ventes de la marque en Chine ont enregistré une hausse de 8,8 % en 2024, illustrant les bénéfices d’une relation commerciale équilibrée.
Malgré ces initiatives, des analystes, comme ceux de China Galaxy Securities, avertissent que des taxes douanières américaines supplémentaires pourraient réduire la croissance économique chinoise à 4,4 % en 2025, contre une prévision actuelle de 5 %.
La diversification des partenariats commerciaux : une stratégie clé.
Pour contrer les menaces extérieures, la Chine intensifie ses échanges avec d’autres régions. Les pays partenaires de l’initiative « Belt and Road » représentent désormais plus de 50 % du commerce total chinois, avec une progression annuelle de 6,4 %. Les relations avec l’ASEAN continuent également de s’approfondir, avec une croissance des échanges de 9 % en 2024, marquant neuf années consécutives d’augmentation.
En parallèle, le commerce électronique transfrontalier connaît un essor notable. En 2024, il a atteint 2,63 trillions de yuans (environ 359 milliards d’euros), soit une augmentation d’1 trillion de yuans par rapport à 2020. Ce modèle, qui s’appuie sur des technologies numériques et des plateformes innovantes, est devenu un pilier économique pour Pékin, notamment pour contourner les barrières commerciales traditionnelles.
Une demande intérieure en soutien, malgré des défis persistants.
Sur le plan domestique, les importations de biens de consommation ont atteint leur plus haut niveau depuis 21 mois en décembre 2024, totalisant 167,8 milliards de yuans (environ 22,9 milliards d’euros). Les responsables chinois mettent en avant ce dynamisme comme un moteur potentiel de croissance pour 2025, en particulier grâce à des politiques visant à stimuler la consommation intérieure.
Malgré ces points positifs, des défis majeurs subsistent. Le marché immobilier chinois reste en difficulté, le taux de chômage chez les jeunes demeure élevé, et la consommation intérieure peine à retrouver son plein potentiel. Ces obstacles, combinés aux incertitudes liées aux tensions commerciales, pourraient limiter la marge de manœuvre de Pékin dans les mois à venir.
Perspectives pour 2025 : entre risques et opportunités.
Alors que les tensions avec les États-Unis pourraient peser lourdement sur l’économie chinoise, Pékin continue de miser sur des initiatives stratégiques pour maintenir sa position dominante. Des investissements dans les secteurs technologiques, une ouverture accrue vers les pays en développement et une stimulation de la demande intérieure figurent parmi les priorités du gouvernement.
« La Chine poursuivra son ouverture économique et continuera à promouvoir un commerce inclusif et durable », a affirmé Lü Daliang, porte-parole de l’Administration générale des douanes, lors d’une conférence de presse récente. Avec une approche proactive, la Chine espère non seulement surmonter les défis actuels, mais aussi solidifier son rôle comme moteur incontournable de l’économie mondiale.
À l’aube de 2025, le monde observera avec attention l’évolution des relations sino-américaines et la capacité de Pékin à naviguer dans un environnement commercial de plus en plus complexe. Le futur du commerce mondial pourrait, une fois encore, se jouer à l’ombre de ce bras de fer entre les deux plus grandes puissances économiques.