Elon Musk relance le débat autour de la gouvernance d’OpenAI, critiquant sa transition vers un modèle lucratif perçue comme une déviation de ses objectifs initiaux. Parallèlement, il soutient l’appel à une enquête fédérale concernant le décès controversé d’un lanceur d’alerte de l’entreprise. Ce duel met en lumière les tensions entre innovation technologique et responsabilité éthique.
Un décès énigmatique et des accusations troublantes
Le décès d’un ancien ingénieur d’OpenAI, retrouvé mort dans son appartement de San Francisco l’année dernière, continue de susciter des interrogations. Dans une interview donnée sur X (anciennement Twitter), la mère de la victime a évoqué la détresse de son fils face à la transformation d’OpenAI en société à but lucratif. « Il croyait fermement au potentiel de l’intelligence artificielle pour améliorer l’humanité, mais la perte de cet objectif l’a profondément affecté », a-t-elle confié.
Avant sa mort, le lanceur d’alerte avait ouvertement critiqué OpenAI pour son utilisation présumée de données protégées par des droits d’auteur, qualifiant ces pratiques de contraires à l’éthique. Il avait également dénoncé l’impact de technologies comme ChatGPT sur la qualité et l’intégrité de l’écosystème numérique. Tandis que les autorités locales ont conclu à un suicide, la mère de la victime réclame une enquête fédérale, une demande soutenue par Elon Musk. Ce dernier a déclaré publiquement : « Cela ne ressemble pas à un suicide. »
La critique par Musk de la « déviation lucrative » d’OpenAI
Elon Musk, cofondateur d’OpenAI avant de quitter l’organisation, s’est montré particulièrement critique à l’égard de la transition de l’entreprise vers un modèle lucratif. Cette restructuration, qui a permis de lever 6,6 milliards d’euros et de valoriser OpenAI à 157 milliards d’euros, est perçue par Musk comme une trahison des principes fondateurs de l’organisation.</
Dans cette optique, Marc Toberoff, avocat de Musk, a adressé une lettre aux procureurs généraux de Californie et du Delaware, demandant la mise aux enchères des actifs caritatifs d’OpenAI afin d’en déterminer la juste valeur. « Une évaluation publique et compétitive est essentielle pour préserver l’intérêt général », a précisé Toberoff. OpenAI, de son côté, a réaffirmé que l’évaluation de ses actifs sera confiée à des experts financiers indépendants.
Musk, qui dirige également la startup xAI, a intenté plusieurs actions en justice pour bloquer cette restructuration. Il accuse OpenAI de dénaturer sa mission initiale et de privilégier une quête effrénée de capitaux au détriment de l’intérêt public. Cette bataille juridique, qui mêle enjeux financiers et éthiques, pourrait bien redéfinir les règles de gouvernance pour les entreprises du secteur technologique.
Un conflit juridico-éthique sous haute surveillance
Le procureur général du Delaware, Kathy Jennings, a déjà signalé son intérêt pour cette affaire en déposant un mémoire auprès du tribunal, soulignant l’importance de surveiller la transition d’OpenAI. Rob Bonta, procureur général de Californie, reste quant à lui silencieux, bien que des pressions croissantes émanent de divers acteurs, notamment des entreprises comme Meta.
Ce conflit met également en lumière des préoccupations plus larges sur les externalités négatives des technologies d’intelligence artificielle. Les critiques sur l’utilisation de données protégées et les accusations de Musk concernant la monétisation excessive de ChatGPT alimentent un débat crucial sur la responsabilité algorithmique et la gouvernance des grandes entreprises technologiques.
Quelles implications pour l’avenir de l’intelligence artificielle ?
Au-delà du cas d’OpenAI, cette affaire pourrait établir des précédents significatifs pour les entreprises technologiques naviguant entre objectifs philanthropiques et ambitions lucratives. La transformation d’OpenAI en entité à but lucratif met en exergue les tensions entre innovation et éthique, remettant en question la capacité des entreprises hybrides à concilier ces deux dimensions.
Selon certains experts, une dérive similaire pourrait émerger chez d’autres startups, au détriment de leurs engagements envers le bien commun. Darryll Jones, professeur de droit à l’Université Florida A&M, a déclaré : « La manière dont ce litige sera résolu pourrait influencer durablement la manière dont les entreprises hybrides équilibreront leurs responsabilités envers le public et leurs investisseurs. »
Elon Musk, en tant que fondateur de xAI et fervent défenseur d’une régulation stricte des technologies d’intelligence artificielle, continue de mettre en garde contre les « risques existentiels » liés à une IA mal encadrée. Il insiste sur le fait que des entités comme OpenAI doivent rester fidèles à leur mission initiale afin de limiter les dérives potentielles de ces technologies.
Une décision imminente et des enjeux colossaux
Alors que le tribunal doit statuer dans les semaines à venir sur les recours déposés par Musk et ses alliés, l’issue de cette affaire pourrait créer un précédent pour l’ensemble du secteur technologique. Si OpenAI était autrefois saluée comme un modèle de recherche éthique et collaborative, sa récente transformation illustre les défis complexes liés à son financement et à sa croissance rapide.
Les résultats de ce conflit pourraient influencer non seulement le futur d’OpenAI, mais également celui des startups technologiques du monde entier. Cette controverse souligne la nécessité d’un cadre de gouvernance adapté aux nouvelles réalités de l’intelligence artificielle et de ses impacts sur la société. Le débat reste ouvert, et les décisions à venir seront scrutées de près par les régulateurs, investisseurs et utilisateurs concernés par l’avenir de l’intelligence artificielle.