lundi, janvier 6, 2025
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Geoffrey Hinton, « le parrain de l’IA », soutient Elon Musk dans sa bataille juridique contre OpenAI

Geoffrey Hinton, lauréat du prix Nobel de physique 2024 et pionnier de l’intelligence artificielle, s’engage aux côtés d’Elon Musk pour bloquer la transition d’OpenAI vers un modèle à but lucratif. Cette décision, selon Hinton, pourrait compromettre l’engagement initial de l’organisation envers la sécurité publique et envoyer un mauvais signal à l’écosystème de l’IA.

Un revirement controversé d’OpenAI : vers un modèle lucratif.

OpenAI, fondée en 2015 par Elon Musk, Sam Altman et d’autres partenaires, avait pour objectif initial d’être une organisation de recherche à but non lucratif axée sur la sécurité et l’éthique dans le domaine de l’intelligence artificielle. Cependant, en 2019, l’organisation a adopté un modèle dit « capped-profit » (profit plafonné) pour attirer des investissements, tout en maintenant un contrôle global par sa structure à but non lucratif.

Aujourd’hui, OpenAI cherche à abandonner ce modèle hybride pour devenir une entreprise à but lucratif classique. Selon un communiqué publié récemment, cette transition vise à lever des fonds plus facilement et à des conditions similaires à celles de ses concurrents dans le secteur. La dernière levée de fonds d’OpenAI, en octobre 2023, a atteint 6,6 milliards de dollars, valorisant l’entreprise à 157 milliards de dollars.

Geoffrey Hinton et Encode : des critiques fermes contre OpenAI.

Geoffrey Hinton, surnommé le « parrain de l’IA », a publiquement exprimé son opposition à cette transition. Dans une déclaration publiée lundi par Encode, un groupe de défense pour une IA centrée sur l’humain, Hinton a rappelé qu’OpenAI avait bénéficié d’avantages fiscaux et réglementaires en tant qu’organisation à but non lucratif. « Permettre à une organisation de renier ces engagements dès que cela devient gênant envoie un très mauvais signal aux autres acteurs de l’écosystème, » a-t-il déclaré. Hinton, qui a remporté le prix Nobel de physique 2024 pour ses travaux sur les réseaux neuronaux, a également critiqué la direction actuelle d’OpenAI, affirmant que Sam Altman, PDG de l’organisation, semble « moins préoccupé par la sécurité que par les profits ».

Encode, qui soutient également Musk dans cette affaire, a déposé un amicus brief (un document juridique apportant un point de vue extérieur sur une affaire judiciaire) pour appuyer la plainte. « La restructuration compromettrait fondamentalement l’engagement d’OpenAI à donner la priorité à la sécurité publique, » a déclaré Adam Billen, vice-président des politiques publiques d’Encode. Selon lui, les garde-fous de gouvernance mis en place par la structure actuelle seraient abandonnés si l’organisation devenait entièrement lucrative.

Elon Musk et sa bataille juridique contre OpenAI.

Elon Musk, cofondateur d’OpenAI en 2015, a quitté le conseil d’administration de l’organisation en 2018, citant des différends stratégiques. Depuis, il s’est montré critique envers l’évolution de la structure et des objectifs de l’organisation. En février 2023, Musk a déposé une plainte contre OpenAI, accusant l’entreprise d’avoir violé ses engagements en tant qu’organisation à but non lucratif, notamment à travers son partenariat étroit avec Microsoft.

Bien que Musk ait temporairement retiré sa plainte en juin, il l’a re-déposée en août, arguant qu’OpenAI avait « trompé » ses cofondateurs pour obtenir leur soutien initial, en jouant sur leurs craintes concernant les risques existentiels de l’intelligence artificielle. Paradoxalement, Musk a lui-même fondé xAI, une organisation à but lucratif, mais avec une mission d’intérêt public similaire à celle qu’OpenAI prétendait initialement poursuivre.

Un débat qui dépasse OpenAI : les enjeux éthiques de l’intelligence artificielle.

Cette controverse met en lumière une problématique plus large : la gouvernance des technologies de rupture comme l’intelligence artificielle. Si l’IA peut être une force révolutionnaire pour résoudre des problèmes majeurs, elle pose également des questions complexes sur la régulation, la sécurité et l’éthique. Geoffrey Hinton, qui a quitté Google en mai 2023 pour alerter sur les dangers potentiels de l’IA, a souligné à plusieurs reprises le besoin d’une surveillance stricte et d’un cadre de gouvernance solide. « Nous devons nous assurer que ces technologies ne sont pas uniquement orientées vers le profit, mais qu’elles servent également le bien commun, » a-t-il déclaré lors d’une conférence en octobre dernier.

Le cas d’OpenAI pourrait créer un précédent significatif pour le secteur de l’IA. Si l’organisation est autorisée à effectuer sa transition vers un modèle à but lucratif, cela pourrait encourager d’autres entreprises à adopter des approches similaires, au risque de minimiser les préoccupations de sécurité et d’intérêt public. À l’inverse, un blocage juridique pourrait ralentir le financement et l’innovation dans le domaine, mais renforcer les exigences de responsabilité et de transparence pour les acteurs technologiques.

Perspectives et implications pour l’avenir de l’IA.

La bataille juridique entre Elon Musk et OpenAI, soutenue par Geoffrey Hinton et d’autres défenseurs de l’éthique, pourrait avoir des répercussions profondes sur la manière dont les entreprises d’IA sont structurées et réglementées. Alors que le secteur attire des investissements massifs, la tension entre profit et sécurité publique devient de plus en plus palpable.

Pour l’instant, les tribunaux devront trancher sur les arguments de Musk et des groupes comme Encode, qui mettent en avant la mission initiale d’OpenAI et l’importance d’une gouvernance centrée sur l’humain. Mais au-delà de cette affaire spécifique, le débat sur l’équilibre entre innovation, profit et responsabilité sociétale dans le domaine de l’intelligence artificielle ne fait que commencer.

Passionné par l'innovation technologique et les marchés financiers, Alex Martin décrypte les tendances qui façonnent notre avenir. Avec plus de 10 ans d'expérience en analyse économique et un regard aiguisé sur les révolutions numériques, il…