mardi, janvier 7, 2025
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OpenAI et Microsoft redéfinissent l’intelligence artificielle générale avec un objectif financier ambitieux

OpenAI et Microsoft, partenaires stratégiques dans le domaine de l’intelligence artificielle, ont introduit une définition inédite de l’intelligence artificielle générale (AGI). Selon des documents récents, un système d’IA sera considéré comme AGI lorsqu’il générera au moins 100 milliards de dollars (environ 94 milliards d’euros) de bénéfices, illustrant une vision principalement axée sur des objectifs économiques.

Une définition financière de l’AGI : un tournant inattendu

Dans le cadre de leur partenariat, OpenAI et Microsoft ont établi qu’un système d’intelligence artificielle atteignant un seuil de 100 milliards de dollars de bénéfices pourrait être qualifié d’intelligence artificielle générale (AGI). Ce seuil, révélé dans un accord signé en 2023, dévie des définitions traditionnelles qui mettent l’accent sur des critères cognitifs et techniques. Habituellement, l’AGI est décrite comme une intelligence capable de rivaliser avec les capacités humaines sur un large spectre de tâches.

Cette définition financière semble refléter les ambitions économiques des deux entreprises, qui sont profondément liées. Microsoft, ayant investi 13 milliards de dollars (environ 12,2 milliards d’euros) dans OpenAI, bénéficie actuellement d’un accès exclusif aux technologies de l’entreprise via sa plateforme cloud Azure.

Un partenariat sous tension : clauses exclusives et renégociations

Le partenariat entre OpenAI et Microsoft repose sur des clauses spécifiques ayant des implications majeures en cas d’atteinte de l’AGI. Selon l’accord, si OpenAI atteint le statut AGI, Microsoft perdrait non seulement son accès exclusif aux prochains modèles d’IA développés par OpenAI, mais également son rôle de fournisseur cloud exclusif. Cette clause a été introduite pour éviter tout risque d’abus potentiel de la technologie AGI par Microsoft.

Cependant, cette disposition suscite des inquiétudes chez OpenAI, qui craint que Microsoft ne limite ses investissements futurs à cause de cette restriction. Pour surmon ter cet obstacle, OpenAI envisagerait de modifier son statut juridique en passant d’une organisation à but non lucratif à une entité à but lucratif, voire à une Public Benefit Corporation (PBC). Ce changement permettrait de lever davantage de fonds et d’offrir une plus grande flexibilité dans les négociations.

Les piliers des négociations en cours

Les discussions actuelles entre Microsoft et OpenAI s’articulent autour de quatre points principaux :

  • La participation de Microsoft dans le capital de la future entité à but lucratif d’OpenAI.
  • Le maintien ou non d’Azure comme fournisseur cloud exclusif pour OpenAI.
  • Les droits de Microsoft sur les futurs modèles d’IA développés par OpenAI.
  • La part des revenus (actuellement 20 %) que Microsoft perçoit des applications comme ChatGPT.

Ces négociations sont critiques pour l’avenir de cette collaboration, qui a permis à OpenAI d’accéder à une puissance de calcul inégalée, tout en renforçant les ambitions de Microsoft dans le domaine de l’IA.

Un futur AGI encore éloigné : défis techniques et financiers

Malgré les ambitions affichées, OpenAI est encore loin d’atteindre le seuil de 100 milliards de dollars de bénéfices. Selon les prévisions, l’entreprise devrait subir une perte d’environ 5 milliards de dollars (environ 4,7 milliards d’euros) en 2024. Cette situation financière souligne les défis colossaux que représente le développement d’une intelligence artificielle générale, tant sur les plans technologiques que commerciaux.

Par ailleurs, la définition controversée de l’AGI adoptée par OpenAI et Microsoft soulève des questions dans la communauté scientifique. De nombreux experts estiment que l’AGI devrait être évaluée sur des critères cognitifs et sociaux, plutôt que sur des objectifs purement financiers. Cette divergence pourrait influencer la manière dont l’AGI sera perçue et utilisée dans les années à venir.

Une collaboration aux implications économiques et technologiques majeures

Puisque l’AGI est souvent perçue comme une technologie révolutionnaire susceptible de transformer des industries entières, cette définition axée sur les bénéfices reflète l’orientation stratégique des deux géants technologiques. Microsoft et OpenAI cherchent à s’imposer comme des leaders du marché, tout en maîtrisant les défis éthiques et économiques liés à l’IA.

Pour Microsoft, l’intégration d’outils comme ChatGPT dans ses produits (notamment via Copilot) représente déjà un avantage concurrentiel majeur. Toutefois, le risque de perdre l’accès exclusif aux technologies d’OpenAI pourrait pousser l’entreprise à diversifier ses partenariats, en explorant des collaborations avec d’autres acteurs du secteur.

Du côté d’OpenAI, le passage à un modèle lucratif pourrait accélérer ses développements technologiques et attirer de nouveaux investisseurs. Cependant, cet objectif pourrait être freiné par des coûts exponentiels et une concurrence de plus en plus féroce, notamment de la part d’autres entreprises comme Google DeepMind.

Perspectives : une définition contestée, mais un enjeu colossal

Alors que la définition de l’AGI adoptée par OpenAI et Microsoft continue de susciter des débats, elle met en évidence un tournant dans la manière dont les entreprises technologiques envisagent l’avenir de l’intelligence artificielle. En plaçant la barre à 100 milliards de dollars de bénéfices, ces deux acteurs redéfinissent la notion même de progrès technologique, en y intégrant des considérations économiques de premier plan.

Pour l’instant, l’AGI reste un objectif lointain, tant sur le plan technique que financier. Toutefois, les décisions stratégiques prises aujourd’hui par Microsoft et OpenAI auront des répercussions profondes sur l’évolution de l’IA, ainsi que sur son impact économique et sociétal dans les décennies à venir.

Passionné par l'innovation technologique et les marchés financiers, Alex Martin décrypte les tendances qui façonnent notre avenir. Avec plus de 10 ans d'expérience en analyse économique et un regard aiguisé sur les révolutions numériques, il…