Alors que l’année 2025 débute, les marchés financiers mondiaux se retrouvent à un carrefour crucial. L’investiture de Donald Trump pour un second mandat, les politiques monétaires des banques centrales et l’essor des cryptomonnaies promettent de remodeler les dynamiques économiques globales.
Un début d’année marqué par la prudence sur les marchés.
La première séance boursière de 2025 s’est déroulée de manière contrastée. À Toronto, la Bourse a clôturé sur un gain de 0,69 %, portée par les secteurs de l’énergie et des métaux de base. En revanche, les indices américains ont enregistré des reculs modestes, le Dow Jones perdant 0,36 % et le S&P 500 cédant 0,22 %, tandis que le Nasdaq reculait de 0,16 %. Selon Anish Chopra, directeur général de Portfolio Management Corp, « le marché du travail robuste aux États-Unis maintient une pression sur les taux d’intérêt, ce qui pourrait freiner les espoirs d’une baisse rapide des taux en 2025 ».
En parallèle, les bénéfices des entreprises restent prometteurs. Selon les projections, le S&P 500 pourrait atteindre entre 6 000 et 7 000 points cette année, soutenu par une augmentation attendue de 10,67 % des bénéfices par action. Toutefois, les analystes appellent à la prudence après deux années consécutives de gains impressionnants (+25 % en 2024), expliquant qu’un retour à des moyennes historiques de 8 % à 10 % de croissance est plus probable.
Taux d’intérêt : une politique monétaire sous le feu des projecteurs.
La Réserve fédérale américaine (Fed) reste au centre de l’attention des investisseurs. Bien qu’elle ait amorcé une baisse des taux en fin 2024, elle prévoit désormais seulement deux réductions pour 2025, contre quatre initialement envisagées. Cette prudence s’explique par une inflation toujours supérieure à l’objectif de 2 % et par la solidité persistante de l’économie américaine. Les marchés obligataires ont également réagi : le rendement des bons du Trésor à 10 ans a légèrement reculé à 4,547 %, après une hausse notable fin 2024.
Au Canada, la Banque centrale adopte une approche différente. Selon Simon Brière, stratège de marché chez R.J. O’Brien, « le taux directeur pourrait diminuer progressivement jusqu’à 2,5 % d’ici l’été 2025 », pour soutenir une économie en stagnation et un marché de l’emploi en difficulté. Cette divergence entre les politiques monétaires américaines et canadiennes creuse l’écart entre le dollar canadien, qui s’échange à 69,36 cents US, et le dollar américain, renforçant les tensions commerciales entre les deux pays.
Donald Trump et la politisation des marchés financiers.
Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les marchés financiers s’attendent à une nouvelle phase de politisation. Lors de son premier mandat, Trump s’était souvent confronté à la Fed, prônant une politique de taux bas pour stimuler la croissance. Cette fois-ci, les investisseurs anticipent des mesures fiscales favorables, comme des réductions d’impôts et une déréglementation accrue, mais aussi un risque accru de guerres commerciales. Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown, avertit : « Si les tarifs douaniers les plus sévères sont imposés, la volatilité pourrait perturber ce qui a été une trajectoire de croissance exceptionnelle pour les actions américaines. »
Les politiques de Trump pourraient également influencer le secteur des cryptomonnaies. Président favorable à ces actifs numériques, il pourrait enflammer l’intérêt des investisseurs. Simon Brière souligne : « Lorsque le président des États-Unis évoque les cryptomonnaies comme des catalyseurs économiques, cela peut insuffler un vent d’optimisme, mais les investisseurs doivent rester prudents. »
Les cryptomonnaies et la technologie : un moteur pour 2025 ?
Les cryptomonnaies, qui ont connu une fin d’année 2024 dynamique, pourraient profiter de ce contexte politique favorable. Cependant, leur volatilité reste un défi pour les investisseurs. Les déclarations de Donald Trump et les régulations potentielles aux États-Unis pourraient jouer un rôle clé dans leur performance. « Le côté politique va influencer la cryptomonnaie, et puisque Trump y est favorable, cela pourrait renforcer leur adoption », analyse Simon Brière. Toutefois, l’enthousiasme doit être modéré par la prudence, car un soutien politique n’est pas toujours synonyme de stabilité sur ces marchés non conventionnels.
Dans le domaine technologique, les valeurs du secteur continuent de captiver les investisseurs. Les « Magnificent Seven » – grandes entreprises technologiques comme Apple, Amazon ou Nvidia – restent au cœur des attentes des marchés. En 2024, elles ont été un moteur de la croissance boursière, notamment grâce à l’essor de l’intelligence artificielle. Pour 2025, les analystes estiment que cette tendance pourrait s’étendre à d’autres secteurs, renforçant la croissance des bénéfices. Charles-Henry Monchau, de la Banque Syz&Co, explique : « L’histoire de l’IA ne se limite pas aux grandes entreprises technologiques. Elle soutiendra également d’autres industries, offrant ainsi des opportunités diversifiées. »
Un équilibre délicat entre croissance et volatilité.
Malgré les perspectives positives, les experts anticipent une année 2025 plus volatile. Les incertitudes liées aux politiques monétaires, aux tensions commerciales et aux mouvements politiques, notamment sous la présidence Trump, pourraient générer des fluctuations importantes. Les investisseurs espèrent une année « Goldilocks » – une période de croissance modérée et d’inflation contrôlée – mais les risques de surchauffe ou de ralentissement brutal ne sont pas à exclure.
Les marchés européens et asiatiques, quant à eux, surveillent attentivement l’évolution des relations entre les États-Unis et la Chine. La guerre commerciale entre les deux puissances continue de peser sur l’économie mondiale, tandis que Pékin promet des mesures pour stimuler son économie, essentielle pour les exportateurs européens. En parallèle, des secteurs comme l’énergie et les matières premières, qui ont bien performé au Canada, pourraient aussi jouer un rôle dans la stabilité des bourses mondiales.
Alors que les investisseurs entament 2025 avec des attentes élevées mais mesurées, la prudence reste de mise. Les incertitudes autour des politiques monétaires, des tensions géopolitiques et des choix économiques du président Trump pourraient provoquer des mouvements imprévisibles sur les marchés. Les tendances technologiques, notamment l’intelligence artificielle et les cryptomonnaies, offriront des opportunités, mais également des risques pour ceux qui ne sauront pas naviguer dans ce paysage en mutation rapide.
Avec un équilibre complexe entre croissance économique, inflation et volatilité, 2025 s’annonce comme une année cruciale pour les investisseurs et les décideurs économiques. Le défi consistera à tirer parti des opportunités tout en anticipant les éventuels revers dans un environnement mondial en constante évolution.
